Ces chiffres sont d’abord ceux de la croissance. Depuis six mois, ils n’ont cessé d’être revus à la baisse. La dernière correction remonte au 17 avril, quand le gouvernement a fait savoir qu’il n’attendait plus qu’une croissance de 0,5 % pour 2019, soit la moitié de ce qu’il prévoyait encore en janvier, et près de quatre fois moins que ce qui avait été annoncé en octobre 2018 (1,8 %).
Déclin de la machine à produire
Autre chiffre : l’indice du moral des chefs d’entreprises, mesuré chaque mois par l’institut économique de Munich (IFO). Après six mois de baisse, il s’était légèrement amélioré, en mars. Pour avril, une nouvelle hausse était attendue. Mais à la surprise générale, l’indice a au contraire de nouveau reculé, passant de 99,7 à 99,2 points, a annoncé l’IFO, mercredi 24 avril. « L’économie allemande continue de perdre de son allant », a sobrement commenté Clement Fuest, son directeur.
Par un étonnant hasard du calendrier, ces premières alertes sur un retournement de la conjoncture ont coïncidé, à l’automne 2018, avec le départ d’Angela Merkel de la présidence de l’Union chrétienne démocrate (CDU), celle-ci s’engageant en outre à quitter la chancellerie au plus tard en 2021.
Cette concomitance entre ce fort ralentissement de la croissance et la retraite annoncée de Mme Merkel, dont le règne restera associé à une période d’éclatante prospérité outre-Rhin, a provoqué une onde de choc dans les milieux économiques. Ceux-ci sont désormais obsédés par l’angoisse du déclin de la machine à produire allemande, si marquée par les spécialités du XXe siècle – automobile, machine-outil, chimie.
En quelques mois, le débat économique s’est ouvert comme jamais dans le pays depuis une décennie. Deux dogmes fondamentaux de la pensée économique y ont été remis en cause depuis février : l’équilibre budgétaire et le non-interventionnisme en matière économique.
Le Monde