L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, joyau de l’art gothique et emblème de la capitale française, a été maîtrisé tôt mardi matin par les pompiers, qui ont réussi à sauver la structure de l’édifice. Le drame a soulevé une vague d’émotion dans le monde entier.
• D’où sont parties les flammes?
Une première alerte incendie est donnée à 18h20. Mais une procédure de levée de doute ne permet pas de détecter aucun départ de feu. Entre-temps, l’église où une messe a débuté peu avant est évacuée. Une seconde alerte à 18h43 permet cette fois de constater un feu au niveau de la charpente. Les flammes ont rapidement dévoré cette «forêt», surnommée ainsi en raison de son enchevêtrement de poutres en bois de chêne, chacune taillée dans un arbre différent. La flèche et une grande partie de la toiture de la cathédrale s’effondrent ensuite sous la morsure des flammes, emportant dans leur chute une partie de la voûte. La propagation de l’incendie est finalement enrayée au niveau du beffroi Nord, dont la chute pouvait laisser craindre le pire. Selon le secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent Nuñez, la sauvegarde de la cathédrale s’est jouée à «15-30 minutes près».
• Quels moyens ont été déployés par les pompiers?
D’importants moyens ont immédiatement été déployés par les pompiers de Paris. Quatre cents soldats du feu avec 18 lances à incendie, certains juchés sur des bras mécaniques à des dizaines de mètres de hauteur, ont lutté pour circonscrire au plus vite le feu. L’eau était pompée directement depuis la Seine. Quand les pompiers de Paris ont vu que la flèche menaçait de s’effondrer, les personnes à l’intérieur ont été rappelées pour faire intervenir un robot. Selon Laurent Nuñez, une vingtaine de pompiers sont entrés «au péril de leur vie» dans les tours «ce qui a permis de sauver l’édifice. Au lever du jour, une centaine de pompiers avec huit lances d’eau étaient toujours en train d’arroser l’échafaudage. L’ensemble du feu est éteint, a annoncé peu avant 10 heures le porte-parole des pompiers, Gabriel Plus. Un sapeur-pompier et deux policiers ont été légèrement blessés.
• Où en est l’enquête?
Le parquet de Paris a ouvert une enquête sous le chef de «destruction involontaire par incendie». Elle a été confiée à la Direction régionale de la police judiciaire qui a mobilisé près de 50 enquêteurs sur ce dossier. La piste accidentelle est privilégiée à ce stade. Les ouvriers qui travaillaient sur ce chantier sont auditionnés. Les procédures de sécurité «ont été respectées», assure la principale entreprise chargée des travaux. Les enquêteurs vont également exploiter les vidéos de surveillance intérieure et extérieure de la cathédrale mais aussi les nombreuses vidéos prises par des particuliers. Une fois le bâtiment sécurisé, les équipes du laboratoire central commenceront à faire des prélèvements et à effectuer un certain nombre de constatations sur place. Mais la dimension même du sinistre et le volume très important de matériel à traiter vont rendre l’enquête plus complexe.
• Quels sont les dégâts matériels?
La charpente, la toiture et la flèche ont été réduites en cendres. La structure tient bon malgré des vulnérabilités dans l’édifice, notamment au niveau de la voûte et d’un pignon du transept nord. Les trois rosaces emblématiques n’ont apparemment pas subi de dommages catastrophiques. La Sainte Couronne et seize statues de cuivre, qui avaient été décrochées de la flèche pour être restaurées, ont échappé au sinistre. Trois reliques, nichées dans le coq surmontant la flèche, qui devait être décroché en juin, n’ont pas eu cette chance. Le Bourdon et les autres cloches, renouvelées en 2013, sont intactes. Une partie des œuvres présentes à l’intérieur de la cathédrale ont pu être extraites à temps. Certains grands tableaux, intransportables, devront être restaurés au Louvre. Le «grand orgue a souffert mais pas de manière catastrophique», explique le restaurateur chargé de son entretien. Le petit orgue a, lui, été endommagé par les flammes.
• Comment va s’organiser la reconstruction?
«Cette cathédrale, nous la rebâtirons», a promis Emmanuel Macron. Les estimations concernant le coût et la durée de cette restauration varient selon les techniques, traditionnelles ou nouvelles, qui pourront être utilisées. Ils atteindront de toute façon plusieurs centaines de millions d’euros, selon les experts. Les pronostics sont également très variables sur la durée des travaux. Une réunion de ministres s’est déroulée en fin de matinée pour préparer un plan de reconstruction. Une souscription nationale a d’ailleurs été lancée. Plusieurs grandes fortunes et entreprises françaises, notamment du secteur du luxe, ont annoncé dès mardi qu’elles débloquaient des centaines de millions d’euros pour financer la reconstruction. Une enveloppe de 10 millions sera débloquée dans les prochains jours par la région Île-de-France. La mairie de Paris a, quant à elle, débloqué 50 millions d’euros. «Il faudrai dix à quize ans» pour restaurer le bâtiment, a avancé lors d’une conférence de presse Frédéric Létoffé, l’un des deux présidents du Groupement des entreprises de restauration de monuments historiques (GMH).
Le Figaro