Le Conseil de sécurité de l’ ONU a tenu ce mardi 29 juin sa première réunion publique formelle sur le thème de la cybersécurité. Une préoccupation croissante pour de nombreux États, comme le démontre les attaques informatiques incessantes menées contre des services publics et des infrastructures industrielles vitales dans le monde.
Cette réunion a été lancée par l’Estonie, pays européen en pointe dans la lutte contre le piratage informatique qui actuellement préside le Conseil de sécurité. Ces rencontres qui se sont déroulées de manière virtuelle et à distance à un niveau ministériel entre les gouvernements membres du Conseil de sécurité, étaient le prolongement direct du sommet de Genève, réunissant Joe Biden et Vladimir Poutine.
Le président américain avait fixé à son homologue russe des lignes rouges à propos de ces attaques informatiques de plus en plus sophistiquées et dont Moscou est souvent accusé d’être le commanditaire. Seize secteurs vitaux, de l’énergie à la distribution d’eau qui ont été considérés par les deux présidents comme « intouchables », font désormais l’objet d’une coopération étroite entre les deux pays pour contrecarrer les offensives répétées des cybercriminels.
Élargir la collaboration internationale
L’objectif de la visioconférence organisée par l’Estonie, est d’élargir cette collaboration à tous les pays pour contrer « les activités malveillantes dans le cyberespace » quelle que soit leur nature ou leur origine. Parmi les menaces qui inquiètent le Conseil, le phénomène de la double extorsion. Il consiste dans un premier temps à bloquer en les chiffrant les données des particuliers, comme celles des grandes firmes du numérique, et de menacer ensuite de les divulguer en ligne si l’on refuse de s’acquitter d’une rançon.
Mais les actes de piraterie sur les infrastructures industrielles sont tout aussi préoccupant, s’alarme le Conseil de sécurité. Un jour, c’est le réseau d’électricité de l’Ukraine, un autre, la gestion de la distribution d’eau en Floride… Les attaquants profitent de la crise sanitaire mondiale pour multiplier leurs offensives contre des industries dites sensibles mais mal sécurisées.
Se mettre d’accord sur les actions à mener
Pour réussir à pacifier ce qui est devenu un véritable « Far-West numérique », l’ ONU va devoir se mettre d’accord sur les actions à mener, ce qui est loin d’être acquis. « La coopération est essentielle et nous avons un cadre, il est temps de l’appliquer », prône l’ambassadrice américaine. L’ambassadeur russe à l’ONU souhaite plutôt l’adoption de « nouvelles normes », qui seraient juridiquement contraignantes, avec « un projet de convention d’ici 2023 ». Une idée qui ne séduit pas vraiment les Occidentaux, soupçonnant la Russie, soutenue par la Chine, de vouloir ce traité afin de réduire la liberté d’expression sur internet de leurs opposants politiques. L’Estonie rétorque que le « droit international existant doit s’appliquer totalement dans le cyberespace ». Le ministre français délégué au Commerce extérieur Franck Riester propose un « programme d’action » œuvrant dans ce sens.
De toute évidence, de nombreuses discussions seront encore nécessaires avant d’envisager de pourvoir juguler cette cybercriminalité mafieuse ou étatique, qui empoisonne depuis trop longtemps notre monde numérisé.
Source: RFI